samedi 27 février 2016

Adoption, le lien du cœur, lien du sang, différences et similitudes.

Ce n'est pas (plus ?) un secret les deux mamans créatrices du site les faire-part de Gaspard sont des mamans adoptantes. 

Bah oui. Et même que c'est l'adoption de nos enfants qui nous a permis de nous rencontrer. 

Pourquoi ce sujet nous semble-t-il important ? Pourquoi le besoin d’en parler alors que pour nous la réponse est évidente ? Eh bien justement, elle nous paraît tellement évidente à nous que quand une question comme « Et ses vrais parents tu les as rencontrés ? » arrive à nos oreilles la réponse immédiate qui nous vient est : « Euuuh oui ! C’est moi, enfin, nous ! » et de s’entendre dire : « Non, mais tu vois ce que je veux dire ? »… ben oui... et non en fait. Oui, parce que je comprends bien que cette question maladroite ne se veut pas blessante et part d’un bon sentiment, et non, parce que en tant que parent adoptant, poser cette question suppose que le lien adoptif ne serait pas aussi fort ou légitime que le lien du sang (sous entendu le lien du sang serait vrai lien de parenté). 

Maman d'une petite fille née en Haïti arrivée à l'âge de 20 mois en France, j'ai vécu des situations rocambolesques dans les parcs de ma ville où les personnes venaient systématiquement embrasser ma fille, la prendre dans leur bras et (partie moins pénible, quoi que... ) me donner des conseils sur l'entretien de ses cheveux et les soins à apporter à sa peau, mais aussi d'autres personnes qui vous explique qu'il faut mettre des limites maintenant et dire non, et expliquer le merci-s'il-te-plait sinon c'est foutu... (hein ? foutu ? mais enfin, ma fille vient d'arriver et a bien d'autres choses à intégrer avant tout cela... comme le sentiment de sécurité ! bref)
La première fois ce n'est pas forcément gênant, vous êtes une maman fière de son enfant et heureuse qu'il suscite l'intérêt d'autrui, les conseils sont les bienvenus, même si le côté bisouilles vous paraît suspect. Et puis petit à petit cela devient quotidien, vous changez de parc pour souffler un peu mais en fait... c'est pareil dans tous les autres parcs. On finit donc par se faire à cette idée que pour les "autres" nous ne sommes pas une famille classique et qu'il va falloir faire avec. On développe un sens de la diplomatie aigüe pour dire aux gens sans en avoir l'air : "bas les pattes ! pas touche, elle est pas à vous !!!!!"
Bien sûr le parallèle peut être fait avec la maman qui vient d'accoucher et qui se promène les premiers temps avec son landau et bébé dedans : tout le monde s'approche et y va de son compliment, de son conseil etc., ça peut être lourd au bout d'un certain temps.

Alors, vu de l'extérieur (ou vu de l'intérieur)... est-on parent de la même façon que ce soit par les liens du sang ou par les liens du cœur ?

Un début de réponse (?) : il n’y a pas de vrais ou de faux parents (à mon sens), il y a des parents de naissance, ceux sans lesquels rien n'est possible et un papa et une maman, ceux qui vont élever, nourrir, aimer, éduquer, bercer pendant des heures, câliner… bref un boulot de « vrais » parents.


Quand une maman attend un bébé dans son ventre, quand un couple attend neuf mois la naissance, toutes les questions se posent : comment sera-t-il(elle), à qui ressemblera-t-il, son caractère, tiendra-t-il de la maman ou du papa etc. Quand un couple (ou un célibataire) se lance dans un projet d’adoption, il aura entre trois et cinq ans parfois pour fantasmer son enfant. Mais ses fantasmes ne se porteront ni sur la ressemblance ou l’hérédité mais sur le pays d’origine, son histoire, son âge à l’arrivée, son état de santé. Nous aimera-t-il comme nous l’aimons avant même d’avoir vue une photo ? Sera-t-il résilient et pourra-t-il vivre le reste de sa vie sans la peur d’un nouvel abandon. Sa « différence » sera-elle évidente ?

Dans les deux situations nous imaginons notre enfant, le fantasmons, nous projetons nos espoirs, nos envies. Dans les deux situations, l'enfant tant rêvé arrive et toutes les images que nous avions, tous les fantasmes sur comment vont se passer la rencontre, les premières heures, les premiers jours s'envolent et laissent place à la vraie vie : découvrir son enfant au fur et à mesure que le temps passe et jouir de ces moments de bonheur, tendresse ou stress. Jouir des premières nuits blanches, des câlins qui durent et qui sont tellement bons.

Alors oui, être parents par l'adoption ou par le sang est différent biologiquement, différents en termes psy car une histoire différente dès le départ. Mais non, il n'y a aucune différences car l'amour que l'on porte à son enfant est sans limite quelle que soit la façon dont il est arrivé à la maison. Je dis souvent à ma fille que si j'avais été enceinte d'un bébé je n'aurais pu m'imaginer un autre enfant qu'elle. Je veux qu'elle sache qu'elle est sortie de mes entrailles d'une autre façon mais que je l'ai portée en moi et que je l'aime plus que tout au monde.